L’OMS et plus de 80 chercheurs s’élèvent contre le concept d’immunité collective

L’OMS et plus de 80 chercheurs s’élèvent contre le concept d’immunité collective
Crédits : Santé publique France.

Non, la stratégie de l’immunité collective n’est pas raisonnablement envisageable. Tel est le message à retenir selon plusieurs scientifiques internationaux, rapporte RFI. Plus d’un million de personnes à travers le monde ont perdu la vie suite à une infection au coronavirus du COVID-19, depuis la fin du mois de décembre 2019. L’Europe et plusieurs pays du monde subissent actuellement une seconde vague pandémique et tentent, tant bien que mal, de la contenir en attendant le déploiement des premiers vaccins dans quelques mois. Le concept d’immunité collective, évoqué pour la première fois au printemps dernier, observe actuellement un regain d’intérêt dont les scientifiques et les autorités de santé se méfient. Cette semaine, le New York Times a rapporté que le gouvernement américain soutenait même ouvertement cette idée. Pour rappel, cette dernière laisserait la majorité de la population (personnes jugées vulnérables exclues) être infectée afin d’être immunisée et de rendre les mesures d’isolement et de distanciation caduques. En réaction, plusieurs milliers de chercheurs et médecins ont aujourd’hui signé le « John Snow Memorandum » (en référence aux centaines de milliers de victimes anonymes du COVID-19 et non pas au héros de Game of Thrones). Cette lettre, écrite par 80 de leurs collègues et publiée dans la prestigieuse revue médicale The Lancet, dénonce la dangerosité d’une telle stratégie si elle venait à être mise en place.

Selon les biologistes, médecins et sociologues auteurs de la lettre de The Lancet, le concept d’immunité collective est « une dangereuse illusion, infondée d’un point de vue scientifique. » Ils affirment qu’une stratégie de gestion pandémique se basant sur une favorisation des infections serait forcément une erreur. Inviter la contamination entre les personnes les plus jeunes, jugées les moins fragiles, risquerait d’accroître grandement la mortalité de la population. Cette dernière, en plus d’entraîner la perte de vies humaines, parasiterait les services de santé et endommagerait énormément la main-d’œuvre sur laquelle se base notre économie. « Par ailleurs, il n’existe aucune preuve d’une immunité protectrice permanente concernant le coronavirus SARS-CoV-2 », soulignent les chercheurs. Les faits n’encourageraient, d’après eux, qu’une seule solution : contrôler et contenir les contaminations jusqu’à ce que des traitements et vaccins efficaces soient disponibles dans les mois à venir.

« (Ce concept) est une dangereuse illusion, infondée d’un point de vue scientifique. » – The Lancet

Dans un communiqué de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), son directeur, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a manifesté son soutien au John Snow Memorandum. « Permettre à un dangereux virus, que nous ne comprenons pas encore complètement, de se propager librement est juste immoral, a-t-il déclaré. L’immunité collective n’a jamais été utilisée dans l’histoire de la santé publique comme une stratégie de contrôle épidémique, et encore moins contre une pandémie. » Selon le patron de l’OMS, il n’existe « aucun raccourci et aucune balle en argent » pour en finir avec la pandémie de COVID-19. Comme le remarque la lettre de The Lancet, « les mesures portées sur le contrôle de la propagation doivent être implémentées le plus largement possible. » Pour conclure, ses auteurs insistent fortement sur le fait que « nous ne pouvons pas nous permettre de distractions qui iraient à l’encontre de réponses efficaces [telles que le concept d’immunité collective ; ndlr] : il est essentiel d’agir en urgence sur la base de preuves et faits scientifiques. »

L’OMS et plus de 80 chercheurs s’élèvent contre le concept d’immunité collective

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